S'exprimer, c'est sortir de soi, énoncer une opinion pour la partager, c'est s'émanciper de la dictature du « like », du « j'aime/j'aime pas » normalisé et prescripteur, pour réellement s'engager dans l'agora citoyenne. Dans ce projet novateur, les élèves, devenus acteurs de leur parole libérée, réussissent tout au long d'un parcours de formation riche, à entrer dans la peau de véritables orateurs de la cité.

Jeux de rôles

La démarche s'articule autour d'activités qui permettent aux élèves de conscientiser progressivement leur place et leur posture au sein du groupe classe et de changer leurs représentations de l'univers scolaire dominé par l'écrit. Pour autant, prendre la parole devant une assistance ne va pas de soi. Dans un monde de réseaux sociaux où il faut sans cesse brider leur exposition, prendre la parole en classe, est pourtant vécu comme un vrai « risque ». Pour les sécuriser, Sylvie Gibert, professeure documentaliste et Carine Riondet, professeure de lettres, ont monté un atelier théâtre, ont organisé les visites d'un chercheur de l'INSPE, Eric Dupuis, et celle d'un avocat, Maître Madid pour les accompagner tout au long de cette formation de l'ethos de l'orateur. Au gré de jeux de rôles, les lycéens, en même temps qu'ils se font apprentis rhéteurs, se réapproprient par un mouvement de réciprocité heureuse, la posture élève.

En quête de mots

Dans un monde tourné vers le numérique où les échanges virtuels se multiplient et favorisent les jugements à l'emporte-pièce, les fake news, les commentaires haineux et complotistes, enseigner l'élaboration d'un esprit critique comme un précis d'auto-défense face à la profusion des discours et des sophismes n'a jamais été aussi important. Les élèves sont ainsi invités à fréquenter les discours célèbres de l'Histoire. Ils y décortiquent les procédés de séduction et d'argumentation pour modeler leur propre travail d'écriture afin d'à leur tour apprendre à emporter l'adhésion des foules, en embrassant une cause engagée. C'est ainsi par l'éducation aux médias et à l'information que se fait la formation au citoyen.

Des paroles et des actes

En ce sens, le lycée emmènera les élèves à un concours d'éloquence à Paris au mois de mars, véritable point d'orgue de leur action, juste avant le grand oral du BAC. Au terme de cette formation à l'éloquence pour s'éduquer aux luttes contre les injustices et les discriminations, les lycéens auront alors gagné en confiance et en conscience.

Mme Vongxay, Mme Mann et M. Castex.

Accompagnants CARDIE du projet : Mme Mann et M. Castex.