Et si les collégiens rencontraient Jean-Christophe Tixier : Cap ou pas Cap
Le vendredi 13 octobre la Médiathèque de Garlin était fermée au public mais réservée aux élèves du collège Joseph Peyré de Garlin pour une rencontre importante.
Dès 9h30, la classe de 6e "Tixier" investissait le lieu avec enthousiasme, impatiente d’échanger avec l’écrivain du même nom et s’empressait de lui annoncer cette particularité. L’auteur, amusé puis rapidement soumis au feu des questions a su les surprendre par des réponses qui les interpellaient souvent.
Pour lui, l’essentiel est de se faire des films dans la tête avant d’écrire : imaginer chaque détail avant de se lancer. Le livre lu et travaillé avec leur professeur de français, madame Habonneau, : « Dix minutes, Cap ou pas cap » avec toutes ses énigmes les a vraiment passionnés et tenus en haleine jusqu’au bout et ils ont même demandé s’il y aurait une suite. Et dans la seconde classe reçue, un élève a même suggéré un autre titre pour la série des « Dix minutes » et Jean-Christophe Tixier, complice, a promis qu’il en parlerait à son éditrice. Il a agrémenté son intervention en montrant sur une tablette des projets en cours : brouillons de romans, prochaines couvertures, etc.
L’après-midi, deux classes de 4e ont investi tour à tour la médiathèque : ils avaient lu et travaillé en français avec madame Palma et en histoire-géo avec mesdames Pagès et Péhau « La traversée », une histoire de migrants qui quittent l’Afrique pour atteindre l’Italie. La fin du livre, brutale, les questionnait mais l’écrivain leur rappelait le titre : La traversée (et non l’histoire de Sam, le héros). Par respect pour tous ces êtres qui ont fui le manque d’espoir, il ne pouvait pas donner une fin car quand les migrants arrivent à atteindre le pays désiré, d’autres difficultés s’ajoutent : par exemple, 15 % de jeunes sont enlevés par des mafieux pour les enrôler dans des réseaux de prostitution. Il a poursuivi en leur racontant un séjour à Calais où il a côtoyé ces déracinés qui lui ont parlé de leur parcours du combattant pour essayer de rejoindre l’Angleterre et quand ils y arrivent se retrouvent sans papiers.
L’écrivain passe beaucoup de temps à se documenter avant d’écrire, il a aussi beaucoup travaillé dans la rue et explique que pour les sans abris, le plus dur ce n’est pas le froid, la faim… mais c’est le regard de l’autre.
La première histoire qui l’a poussé à écrire et qui a été éditée c’est celle de sa grand-mère qui a fui quand son mari est parti à la guerre (et cela fait maintenant 14 ans qu’il ne vit que de son métier).
Et l’ancien professeur d’économie a élevé le débat avec ces jeunes :
Vous êtes la première génération à avoir des parents qui n’ont pas connu la guerre. Dans nos familles, on a tous des personnes qui ont fui, lutté pour leur survie. Aujourd’hui, ce sont d’autres pays qui sont concernés mais l’histoire est universelle.
La question qui taraudait nos élèves, à savoir de quel pays était parti Sam n’avait maintenant plus autant d’importance.
Après la séance de dédicace (à laquelle Jean-Christophe Tixier s’est prêté gentiment avec les 4 classes ! ), un petit groupe est resté. Il était difficile de se quitter car c’était une vraie rencontre avec un auteur accessible, généreux, humain qui les a certainement fait un peu grandir ce jour-là.
Ces rencontres, chères à l’équipe enseignante qui travaille en collaboration avec la médiathèque de Garlin depuis plusieurs années maintenant font partie du Festival Un Aller retour dans le Noir et nous remercions l’équipe organisatrice de les proposer car pour nos élèves l’ouverture sur le monde est indéniable et ce sont aussi de bonnes occasions de LIRE.
Texte : madame Lacoustille, professeure documentaliste et référente culture ici du collège.
Mise à jour : octobre 2023